Des élèves qui réfléchissent sont des élèves engagés, actifs et construisant leurs propres savoirs ainsi que leur conception des mathématiques. C’est l’objectif que nous espérons tous atteindre. L’approche pédagogique de la classe collabo-réflexive nous permet d’y parvenir, en plaçant l’élève au cœur de la construction de ses savoirs et du développement de ses compétences.

Pour instaurer cette culture de réflexion, d’engagement et de collaboration entre les élèves, il est pertinent de prendre un pas de recul et de commencer par des tâches que nous qualifierons de hors curriculum. L’objectif de ces tâches est de modéliser les bonnes pratiques et les stratégies gagnantes dans un contexte moins convenu. Grâce à des tâches moins traditionnelles que celles que l’on retrouve dans nos programmes respectifs, les élèves se permettent davantage de faire preuve de créativité, de prendre des risques et d’ajuster leur raisonnement en cours de route.

En résolution de problèmes, l’enseignement explicite de stratégies, telles que le décodage (stratégies de lecture), la collaboration, l’organisation des traces, la validation, l’autorégulation ou encore la communication, est essentiel. Ces tâches hors curriculum offrent justement une excellente occasion de le faire.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces tâches ne sont pas déconnectées du programme. Toutes font référence à des éléments de notre Programme de formation de l’école québécoise (PFEQ). Bien souvent, elles permettent aux élèves de réactiver leurs connaissances antérieures, de développer des compétences transversales ou de perfectionner des stratégies. Ce sont là des éléments fondamentaux à travailler selon le PFEQ.

Dans son ouvrage, Peter Liljedahl propose de commencer avec trois tâches hors curriculum. En équipe-matière, il serait pertinent de réfléchir à une planification verticale de ces tâches. Dans les lignes qui suivent, je vous propose un exemple de planification verticale, avec le détail de chaque activité que j’ai adaptée ou créée. Cette planification pourrait servir de point de départ à votre équipe et être adaptée en fonction de vos groupes, de vos intentions pédagogiques, de vos intérêts ou encore, de l’organisation de votre école.

Lorsque je conçois mes séquences de cours, je m’appuie sur trois étapes clés pour optimiser l’apprentissage et l’engagement des élèves.

D’abord, la mise en route de la tâche (le lancement de la tâche) s’effectue à l’oral, avec tous les élèves debout. Cette introduction prépare le terrain pour l’activité principale.

Ensuite vient la tâche elle-même, véritable cœur de la séquence. Les élèves travaillent en équipes de trois, formées aléatoirement, et collaborent debout sur des surfaces verticales. Pour garantir un engagement continu tout au long de l’activité, des extensions sont proposées pour chaque tâche. Dans une classe axée sur la collaboration et la réflexion, l’objectif n’est pas que tous les élèves effectuent le même nombre d’exercices, mais qu’ils s’investissent et réfléchissent activement pendant une durée équivalente. C’est un changement de paradigme : l’essentiel est que chaque élève ait réfléchi et travaillé tout au long de la période de cours.

Enfin, il est crucial de prévoir une phase de clôture du cours. Il faut réserver un temps suffisant en fin de période pour un retour, une consolidation des apprentissages. Cette consolidation peut prendre diverses formes : une discussion en grand groupe, une prise de notes personnelles, un bilan individuel des connaissances mobilisées, un échange en sous-groupes, ou encore la présentation des différentes démarches adoptées par les élèves. Un moment d’arrêt pour boucler la boucle est essentiel.

Voici un exemple de planification verticale de tâches hors curriculum.

Dans toutes les séquences énumérées, les compétences développées par les élèves sont les suivantes : 

• Collaborer
• Communiquer efficacement
• S’autoréguler 
• Organiser sa démarche
• Observer des modèles mathématiques
• Émettre des conjectures
• Débattre
• Justifier son raisonnement